''L’Afrique est talentueuse et la mobilité de ses compétences au plan international sera un fait. ''
Qui êtes-vous et que faites-vous ?
Hubert Evariste VIEYRA, je suis africain et originaire du Bénin. Je vis à Abidjan depuis 2 ans où je travaille pour le Groupe AFD, chargé du suivi du portefeuille dans la région Golfe de Guinée. Il faut dire que l’AFD reste un acteur majeur du financement solidaire dans la région avec plus de 400 projets financés entre 2016 et 2020 et plus de 5 milliards d’euros engagés auprès de nos clients et avec nos partenaires. Y contribuer est un motif de satisfaction et faire de l’investissement à impact est un engagement que j’ai pris après avoir passé une douzaine d’années en banque commerciale.
Quelle est votre actualité ?
Mon actualité est partagée entre des projets professionnels et personnels.
Sur le plan professionnel, l’AFD reste un environnement stimulant et très épanouissant qui permet d’entreprendre en interne. A cet effet, je travaille actuellement au sein d’une équipe sur un projet incubé en interne qui s’adresse aux institutions nationales de financement du développement.
D’un autre côté et de façon plus conventionnelle, le dernier trimestre de l’année reste une période très active pour nous à l’AFD où nous sommes fortement engagés, malgré le contexte sanitaire toujours aussi fragile sur les projets de nos clients grâce à nos financements. Pour information, l’AFD en 2020 a mobilisé plus de 12 milliards d’euros dans le financement de projets dans l’ensemble de nos pays d’intervention.
Sur le plan personnel, je m’investis également dans un programme de mentorat pour futurs diplômés d'École de commerce. Ces jeunes ont une énergie formidable et me la transmettent tout naturellement.
Avez-vous un moment marquant dans votre vie à partager avec nous ?
Un moment tout particulier a été la cérémonie de remise de diplôme à HEC Paris qui a été un moment décisif et de transition dans ma carrière.
Par ailleurs, comme tout le monde, j’ai eu des moments de doutes, d’hésitations ou encore des échecs personnels ou professionnels. Je pourrai partager beaucoup d’exemples mais ce n’est pas le plus important selon moi. Ce qui l’est par contre, c’est l’attitude dans l’adversité et les leçons tirées. En effet, à chaque moment difficile, il y a dans mon cercle personnel ou professionnel ou dans mon parcours une source de motivation, une personne qui m’a encouragé à réessayer ou bien à avancer sans réessayer.
Quel est votre rêve pour votre pays et le continent africain ? Comment comptez-vous agir pour le réaliser ?
Je rêve d’une « Afrique des talents » et je rêve d’une «Afrique sans frontières».
Une « Afrique des talents » parce que l’une des clés pour résorber le problème de l’emploi en Afrique est la formation aux nouveaux métiers. Vous savez, plus de 1 1⁄2 million de personnes entrent dans la population active chaque mois et, dans 10 à 15 ans, plus de la moitié des nouveaux arrivants sur le marché du travail à l’échelle mondiale seront originaires d’Afrique subsaharienne. Ceci fait potentiellement de la région l’une des économies les plus dynamiques au monde et l’un des marchés les plus importants. A mon avis, l’éducation et la formation adaptée seront les clés pour saisir pleinement ce potentiel et le transformer en croissance inclusive pour le continent.
Je rêve aussi d’une «Afrique sans frontières» (surtout intellectuelles). Il y a quelques semaines à Paris, Lionel ZINSOU nous disait : « Les géographies intellectuelles n’existent pas ». Dans la même ligne, je ne crois pas aux géographies, aux frontières ni aux murs. Je crois à la mobilité des talents et suis très fier de voir par exemple des pays comme le Bénin ou le Rwanda recruter des cadres sénégalais, nigérians, Kenyans…etc. à des postes clés de leur économie, ceci sur la base de compétences et non de la nationalité. L’Afrique est talentueuse et la mobilité de ses compétences au plan international sera un fait.
A mon niveau, je suis très actif dans le mentorat des jeunes. Avec d’autres amis du programme Young Leader de la French-African Foundation, nous mettons en place un programme d’incubation et de financement sous la forme de dons à des micro entreprises et donnons de notre temps pour les conseiller. Enfin je crois beaucoup à la force catalytique du secteur privé et travaille aussi avec des amis pour créer des champions nationaux pourvoyeurs d’emploi qualifiés via l’investissement d’amorçage.
L'AFD, partenaire de la French-African Foundation et institution pour laquelle vous travaillez, célèbre le 2 décembre ses 80 ans. Que lui souhaitez-vous pour les prochaines décennies ?
Je découvre (depuis 2 ans) l’AFD de l’intérieur et je suis heureux et fier de travailler aux côtés de femmes et d’hommes engagés. D’un côté c’est un acteur majeur dans le financement solidaire qui a une histoire en commun avec ses clients et de l’autre côté c’est un groupe qui suscite encore beaucoup d’attentes (pour ceux qui ont suivi le Nouveau Sommet Afrique France à Montpellier). Le groupe grandit (avec l’intégration de Expertise France à partir du 1er janvier 2022) et se réinvente avec une vision prospective sur 2101 c’est-à-dire dans les 80 prochaines années. Alors je lui souhaite de garder de l’agilité pour les 80 prochaines années et d’être toujours une force de proposition face aux défis planétaires comme le réchauffement climatique et les inégalités pour continuer à bâtir un monde en commun.
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